Stadia : L’édulcorant nouvelle génération ?

Google rentre enfin dans la danse des producteurs de jeux vidéo. Pendant un instant on aurait pu croire qu’ils nous présentaient une nouvelle console, et c’est presque ça. À la différence près qu’ils ne vendent rien de physique, tout est dans le « cloud ».

Durant la conférence du 19 mars, on se serait vraiment cru durant une présentation de l’E3, en tout cas tous les ingrédients y étaient. Du CEO de Google, Sundar Pichai, qui nous a fait une présentation de la société au confluant des Jeux vidéo, à Phil Harrison un habitué des plateaux Xbox, maintenant vice-président de Google.

La présentation a été longue et GDC (Game Developers Conference) oblige, très orienté développement avec la présentation de certains middlewares dédiés aux jeux vidéo. Mais le principal est là, ce nouveau service/console se positionne comme un sérieux concurrent aux acteurs traditionnels du secteur.

Une technique maitrisée

Se basant sur son très large réseau de serveurs de la firme, ils assurent avoir un temps de latence extrêmement bas. Même la demande en bande passante reste relativement modérée, interrogé hors conférence par nos confrères de Kotaku, Phil Harrison a assuré qu’il ne faudra que d’une connexion à 30 Mb/s pour assurer un service en 4K et 60Fps. Comparativement, Shadow demande 15 Mb/s pour un service de « bonne qualité », pour la 4K il faudra évidemment avoir une connexion bien meilleure que ce que préconise Google pour son service.

Autre pré-requis d’importance pour accéder au service, il vous faudra un appareil capable de faire tourner Chrome. Ce qui veut dire que tous les Pc, tablette/téléphone sous Android ou Chrome Book son parfaitement prêt à accueillir Stadia. Si vous possédez en plus la manette qui sera commercialisée au moment de la mise en marche du service, vous pourrez changer à la volée d’appareil, vu que les commandes de celle-ci passent par les serveurs Google via Wifi.

Chaque utilisateur pourra compter sur une solution AMD, pour le hardware. Pour faire simple, il aura accès à un GPU dédié d’une puissance de 10,7 téraflops capable de mettre à genoux la Xbox One X sans forcer. Il sera aussi possible d’avoir plusieurs GPU pour un seul utilisateur, selon les besoins du jeu. Il va sans dire que la solution versatile choisie par Google est largement tournée vers l’avenir et ne s’arrêtera pas au 4K, ils affirment que leurs services seront capables de fournir aussi de la 8k.

Mais, les jeux ?

C’est un peu la grande inconnue de cette conférence, ils nous ont présenté une technique au point, avec de nouvelles manières de jouer détaillées plus bas, mais pour les titres… Mis à part Doom Eternal présenté par l’équipe de développement ID Software et Assassin’s Creed Origin du partenaire Ubisoft, aucun titre n’était là pour appuyer les performances de la machine.

Ils ont tout de même présenté l’équipe interne de développement, Games & entertainment, avec Jade Raymond à sa tête. Ils assurent aussi travailler avec des équipes externes et plus d’un millier de développeurs travailleraient activement sur le kit de dév. Les partenaires ne se bousculent pas non plus, on peut compter sur Ubisoft, ID Software, Crystal Dynamics, Q-games et Tequila works. Mais rien de plus n’a filtré, pourtant, Stadia doit arriver plus tard dans l’année. 

Comment remplir le stade

Entièrement couplé avec YouTube, Il sera possible d’avoir des services jusqu’ici impossibles. Par exemple la possibilité de jouer directement au jeu que l’on vient de voir en vidéo et cela sans temps de chargement.

Stadia, comme son nom le suggère, est largement dévoué au spectacle et aux interactions entre le public et les diffuseurs de contenu. Outre la possibilité de rejoindre le Youtuber durant sa session de jeu, il sera possible à ce dernier d’envoyer des défis en jeu via un simple lien qui reprendra la situation choisie. À partir de là nos esprits explosent littéralement, les possibilités semblent infinies. De la simple reprise de manette, à l’émergence de jeux en bac à sable où il sera possible de défier les spectateurs en direct. Stadia se veut surtout une plateforme d’interactions entre Youtubers et spectateurs. Dans l’approche, si tout est bien comme dans la conférence, on touche au Saint Graal. Depuis les débuts du streaming, on cherche toujours des solutions efficaces pour interagir avec le public et quoi de plus efficace que de lui passer la manette ?

C’est un pas de géant dans le domaine, une baffe géante envers Amazon et Twitch. La réelle concurrence de Stadia, ne sont pas les constructeurs de console, mais bel et bien Amazon. Google tient là sa meilleure solution pour réhabiliter YouTube Gaming.  

Pas d’inquiétudes !

Google a réussi à faire bouger les choses hier soir, mais il ne révolutionne en rien le marché des jeux vidéo. Les autres acteurs du jeu vidéo ont déjà testé le cloud, avec le Playstation Now de Sony ou le xCloud de Microsoft. Depuis l’arrivée des boutiques en ligne, tous cherchent à dématérialiser l’offre. Cela permet de contrôler les coûts, de réduire le nombre d’intermédiaires et ainsi maximiser le profit des maisons d’édition.

Alors, pourquoi avoir peur ? Cela va dans le sens de l’histoire écrite collégialement par tous les acteurs du secteur. Pourtant sur les réseaux sociaux, des voix s’élèvent contre Google et son futur service. Si l’on synthétise un peu leurs messages, on comprend que la peur réside dans la perte de propriété et de contrôle. Dans un monde où la culture est totalement dématérialisée, celui qui contrôle ce qui peut être diffusé est celui qui contrôle les canaux de diffusion. Sur Steam, de nombreux jeux sortent du catalogue régulièrement, pour de multiples raisons, mais du coup il devient inaccessible pour le commun des mortels.

Pour une question de pérennité de l’héritage vidéo ludique, il est important de pouvoir garder un exemplaire du code quelque part, et avec le cloud la garantie n’est pas là. On espère évidemment qu’un jour on trouve une solution à ce problème, en conjonction entre les éditeurs et les associations de préservation du patrimoine.

Ce service ne s’adresse pas à tout le monde, il vous faudra une connexion solide. Sous les 15Mb/s, point de salut, ou alors un service à la qualité d’image dégradé, voire même inexistante. Le service est pour l’instant réservé aux citadins qui disposent d’un bon accès à internet.

Pour l’instant, on ne doit pas bouder notre plaisir, le menu est alléchant. On attend maintenant la réponse de Sony, Nintendo, Microsoft et surtout Amazon. L’année va être à coup sûr truculente !

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