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Kena : Bridge of Spirits – le surprenant premier jeu d’Ember Lab Studio !

Kena : Bridge of Spirits est un magnifique jeu d’action-aventure sorti le 21 septembre 2021 exclusivement en format numérique sur PS5, PS4 et PC (uniquement sur l’Epic Games Store). Seule une édition Deluxe est sortie en version physique deux mois plus tard, pour les consoles de Sony.

Dans ce tout premier jeu du studio à la fois développeur et éditeur Ember Lab, le joueur incarne Kena, une très jeune femme dôtée d’un don particulier, celui de guide spirituel. Au cours de son périple, l’héroïne éponyme va aller à la rencontre d’esprits qui se sont perdus dans le monde des vivants et se sont corrompus, afin de les aider à disparaître en paix. Pour se faire, Kena devra d’abord débusquer les “rots”, de mystérieux êtres de la forêt, minuscules et adorables, chargés de perpétuer l’équilibre naturel de décomposition et de régénération du monde qui les entoure. C’est grâce à eux que tout le potentiel de Kena pourra prendre forme, afin d’éliminer la corruption et de venir à bout des créatures hostiles qui se dresseront sur le chemin de la jeune Guide.

Dévoilé en juin 2020, Kena : Bridge of Spirits avait d’ores et déjà beaucoup fait parler de lui, attirant les amateurs de jeux indépendants et intriguant bien des curieux. Sa direction artistique très mignonne et colorée, avec des airs de film d’animation asiatique rappelant sans conteste les métrages du studio Ghibli, ainsi que son univers enchanteur et magique, ont indéniablement su capter l’attention des joueurs. Mais à présent que la hype autour de Kena : Bridge of Spirits semble s’être étouffée, on croirait presque que le jeu a déjà été oublié. C’est là que nous, la RéGwaktion, entrons en scène, afin de délivrer notre bilan sur la première production d’Ember Lab.

Une aventure enchanteresse et rafraîchissante !

Comment peut-on parler de ce titre sans évoquer sa superbe direction artistique ? C’est évidemment la première chose qui nous saute aux yeux. Riche en détails, en couleurs et en végétation, l’univers visuel de Kena: Bridge of Spirits resplendit et nous évoque la beauté de la nature. Cette nature, rongée par la corruption que nous sommes poussés à chasser pour progresser dans notre périple, n’en est que plus ravissante une fois libérée de sa noirceur terne. Tout cet univers semble déborder de vie. Pourtant, hormis les “rots” qui nous accompagnent, il n’y a pas âme qui vive. Heureusement alors que ces petits compagnons aux grands yeux doux sont là, à nos côtés, pour pallier au sentiment de solitude qui nous aurait peut-être envahi dans ce monde abandonné.

On retrouve dans les environnements et les décors du jeu, un mélange d’inspirations asiatiques et tribales ; un mariage de cultures des plus charmants.

Ces influences se ressentent également dans la musique du jeu, qui est tout bonnement saisissante. Tantôt calme, propice à la contemplation et à la réflexion, tantôt nerveuse pour nous faire ressentir l’urgence de la situation et par moment même grandiose afin de nous rappeler l’enjeu qui pèse sur nos épaules. L’OST épouse à merveille les différents stades de notre progression. Que ce soit lors des combats comme en phase d’exploration, la bande-son de Kena : Bridge of Spirits est du caviar pour les oreilles. A aucun moment, vous ne vous en lasserez.

Si le concept initial du jeu n’est pas entièrement inédit, sachez qu’il est tout de même bien amené. En effet, le principe de purifier des zones corrompues par une forme de malédiction sinistre, afin de ramener la lumière sur les ténèbres, ce n’est pas franchement une première dans le monde du jeu vidéo. Nous avons déjà vu ça ne serait-ce que dans Okami et The Legend of Zelda : Twilight Princess, ou encore dans Super Mario Sunshine et Horizon Zero Dawn, en quelque sorte. C’est un concept qui nous est familier et que nous apprécions à la régwaktion. Mais là où Kena: Bridge of Spirits a ajouté sa petite touche d’originalité, c’est en intégrant les “rots”. Ces petits mignons s’avèrent être nos sbires, dont nous nous servons pour déplacer des objets utiles à notre progression, pour maintenir la corde d’un pont pendant que nous le traversons, pour nous soigner, pour nous battre, etc. Peu à peu, nous formons une armée relativement conséquente de “rots”, à la manière d’un Overlord. Alors non, ce n’est pas vraiment innovant, mais ça fonctionne ! C’est honnêtement plaisant de composer son armada de mignons et de l’utiliser à bon escient. Il faut toutefois faire attention à l’énergie des “rots”, dont nous dépendons concrètement pour pouvoir faire certaines attaques puissantes ou plus important encore : pour nous soigner. Autant vous dire que si ces petits êtres sont sous nos ordres, nous avons crucialement besoin d’eux.

Une autre mécanique empruntée à un classique du jeu vidéo, mais revisitée de façon maligne, c’est l’usage des masques. Cela ne vous rappelle-t-il pas un certain Zelda ? Sauf qu’ici, c’est différent. Porter un masque ne nous métamorphose pas. Dans Kena: Bridge of Spirits, chaque individu possède un masque qui lui est propre. Le cimetière du village, jonché de tombes, est décoré de masques en bois gravés ayant appartenu aux défunts. Kena peut arborer un masque, pour voir un événement marquant auquel celui ou celle qui le portait a assisté de son vivant.

La jouabilité de Kena : Bridge of Spirits est très intuitive et accrocheuse, en plus d’être variée. Le jeu nous propose des phases de plateforme et d’escalade, des puzzles qui demandent un brin de réflexion mais surtout d’observation, des combats à distance ou rapprochés, ainsi qu’un vaste terrain que nous pouvons explorer à notre guise pour débusquer des gemmes, des collectibles, d’autres “rots” pour grossir nos rangs, etc. Ce qui est formidable dans ce jeu, c’est que vous n’avez pas d’ordre imposé dans lequel faire vos quêtes. Il n’y a pas de bon chemin ou de bon ordre. Libre à vous de partir à la recherche des reliques dans le désordre, ou bien même de vous balader tranquillement pour profiter de la beauté des lieux environnants. Une fois en jeu, il n’est pas aisé de lâcher la manette, tant les contrôles sont réactifs et le gameplay prenant, presque addictif. Combien de fois avons-nous dit “Allez, j’arrête une fois ce boss vaincu !”, alors qu’une heure après notre victoire, nous étions encore partis crapahuter par monts et par vaux ? Trop de fois pour les compter, semble-t-il.

Là où Kena : Bridge of Spirits s’est montré le plus faible, c’est sans doute sur son scénario. Il est, au départ, assez difficile de s’identifier à son héroïne et d’être embarqué dans l’intrigue, puisque le jeu ne nous révèle que trop peu de choses sur son histoire. Tout ce que nous savons en début de partie, c’est que Kena est un guide spirituel et que son objectif, outre d’aider les esprits à partir pour l’autre monde, est de rejoindre le sanctuaire de la montagne qui serait apparemment une grande source de pouvoir. Mais ce simple postulat de départ donne au joueur l’envie d’atteindre la destination finale de Kena, afin de comprendre ce qui la motive à s’y rendre. Qui plus est, la curiosité du joueur le pousse à chercher à savoir ce qui a causé la venue de la corruption, mais aussi ce qu’il s’est passé au village (qui nous sert de hub) et ses alentours, puisqu’une malédiction semble s’être abattue sur les habitants de la contrée. Si l’histoire se fait assez absente et brumeuse tout au long de l’aventure, sachez qu’au bout du périple, elle nous est dévoilée dans un final de toute beauté.

Ce qui a le plus étonné les joueurs, c’est la difficulté du titre, qui propose un véritable challenge intéressant et gratifiant à relever. De prime abord, nul ne se serait douté que Kena: Bridge of Spirits était une sorte de “die & retry” exigeant. Pourtant, le jeu n’est pas aussi évident qu’il n’en a l’air, surtout lors des phases d’affrontements de boss où la moindre erreur peut être fatale. Les combats, même contre de simples ennemis, sont nerveux et contrastent avec la mignonnerie des visuels du jeu. A la régwaktion, c’est une surprise qui nous a plu et un défi que nous avons pris plaisir à braver.

Nous saluons l’audace du studio pour avoir osé faire ce décalage !

D’ailleurs, notez que les boss du jeu sont tous charismatiques et plein de style, aux patterns variés. Finalement, les plus coriaces s’avèrent plaisant à affronter, tant ils ont la classe. Même ceux qui nous ont semblé les plus difficiles à battre et qui nous ont fait pester devant l’écran, sont durs à détester. Nous accordons par ailleurs une mention spéciale au boss final qui, en plus d’être époustouflant, est vraiment inattendu. C’était un peu comme si From Software s’était invité à la fête, car l’inspiration BloodBornesque s’est fait ressentir, aussi bien dans la mise en scène que dans la musique orchestrale qui l’accompagnait.

Enfin, là où beaucoup s’attendaient à un tout petit jeu bouclé en quelques heures, sachez que Kena possède une durée de vie plus qu’honnête pour un jeu indépendant. Comptez environ une bonne dizaine ou quinzaine d’heures pour en voir le bout, surtout si vous aussi, vous aimez fouiller partout et tout compléter avant de clore la trame principale d’une aventure.

Un jeu pas toujours aussi relaxant qu’il n’y paraît !

Si Kena: Bridge of Spirits coche toutes les cases pour être un jeu parfait, il fait toutefois une entorse à la règle.

Parmi les défauts du jeu, il nous est impossible de fermer les yeux sur les rares, mais pas moins embêtantes, failles techniques dont il fait preuve ; à commencer par les sauts un peu hasardeux et certaines hitbox de plateformes douteuses. Dans de nombreuses phases du jeu, il nous faut sauter sur des plateformes, parfois temporaires, dans un laps de temps restreint. Or, il arrive très souvent que l’on se voit atteindre une plateforme, se croit carrément dessus, mais qu’au final, non. On tombe et on est obligé de recommencer de tout en bas, voire de recommencer toute une séquence en cas de mort. De même que les sauts sont souvent trop courts et se calculent presque au pixel près, si on veut atterrir sur la surface visée. Ce n’est pas grand chose, dit comme ça, mais c’est véritablement casse-pied à la longue. Encore plus lors d’une phase intense, que l’on doit recommencer à cause d’une chute inopinée dûe à une mauvaise hitbox ou un saut trop juste. C’est un bon moyen pour agacer le joueur et le sortir de la séquence en coupant son élan. Aussi, quelques bugs ou glitchs se sont manifestés au cours de notre aventure. Le pire étant lorsque nous avons été contraints de recharger la partie à la dernière sauvegarde puisque nous étions coincés dans un rocher, dans le vide au-dessus d’une eau contaminée et mortelle, ou bien devant un coffre, au beau milieu de notre gang de “rots”.

Un peu avant de terminer le jeu, un crash est survenu en plein combat haletant de boss, alors que la victoire était à bout de doigts. Le jeu ne voulait plus du tout se relancer, pendant une durée de plus d’une demi-heure, pour une raison totalement inconnue. Nous ignorons encore à ce jour ce qu’il s’est produit ce jour-là. Ce qui est certain, c’est que c’était terriblement frustrant et inquiétant !

En-dehors du côté technique, ce qu’on pourrait reprocher à Kena, c’est éventuellement une certaine répétitivité dans le schéma du jeu : A chaque fois qu’on part sur la piste d’un nouvel esprit à libérer, il nous faut trouver trois reliques, chacune bien gardée par un boss. Le processus est le même à chaque fois, ce qui ne laisse pas beaucoup de place à la surprise et peut s’avérer redondant. Fort heureusement, la toute dernière partie du jeu brise un petit peu cette routine, mais nous ne vous spoilerons pas.

Sous ses airs enjôleurs de jeu enfantin et mignon, nous avons bien conscience que sa difficulté peut tout à fait rebuter certains joueurs allergiques au concept de “die & retry” ou simplement désireux de se relaxer sur un petit jeu tranquille après le travail. Heureusement pour eux, le mode ‘facile’ permet de contourner le challenge proposé par le titre. Pour l’avoir également essayé dans sa difficulté la plus basse, le jeu nous a paru beaucoup trop simple et lisse. Les combats perdent ainsi de leur enjeu, puisqu’on n’est plus susceptible de mourir en deux ou trois coups et que les soins sont réutilisables, là où ils sont limités à un usage unique en difficulté normale. Sans compter que, dans beaucoup d’arènes de boss, nous n’avons à notre disposition que deux plantes médicinales ; ce qui est trop peu, au vu de la durée du combat, des dégâts que l’adversaire nous inflige en comparaison à ce qu’il subit et du fait que les plantes ne nous rendent pas l’intégralité de nos PV. Le plus gros reproche que nous faisons donc à Kena : Bridge of Spirits, c’est l’écart trop flagrant de difficulté entre le mode facile et le mode normal, signe d’un équilibrage mal maîtrisé. Le dosage serait sans doute à revoir.

Pas de déception à l’horizon !

Kena : Bridge of Spirits n’est sans doute pas 100% parfait, mais il n’en est pas moins un excellent jeu qui nous a régalé en cette fin d’année 2021. D’autant plus que, sincèrement, pour un premier jeu, c’est plus que prometteur ! Malgré une exigence insoupçonnée et une difficulté peut-être mal maîtrisée, le jeu est une franche réussite. Si l’année ne nous a relativement pas beaucoup gâtés en matière de jeux vidéos, surtout en termes de triple A, il y a tout de même eu de sacrées perles indépendantes, dont Kena : Bridge of Spirits fait immanquablement partie. Il s’agit d’un must-have que nous vous recommandons chaudement de faire.

Avec ce jeu, Ember Lab nous a témoigné de son talent et c’est avec hâte que nous attendons de découvrir leur prochaine production.

Obtention de la copie : Version dématérialisée achetée sur le PlayStation Store (pour PS5)

Editeur/développeur : Ember Lab

Machines : Epic Games Store (PC), Ps4 et Ps5

Prix conseillé : Aux alentours de 30 / 40€

Metacritic : Metascore de 80/100 (version Ps5)

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Trish

Je suis Trish, L'impératrice des Rêveurs. J'aime manier les mots, l'arc et le fusil à pompe. Je taille mes critiques d'un revers de plume affûtée. D'un tempérament brut, je tire à balles réelles.

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