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The Dark Pictures Anthology : The Devil in Me – Un jeu qui ne tente pas le diable !

The Devil in Me est le dernier volet en date de la série anthologique The Dark Pictures créée par Supermassive Games et éditée par Bandai Namco. Il s’agit, comme à l’accoutumée d’un jeu d’horreur narratif, façon thriller, dans lequel le joueur prend part, en solo ou en coopération, à l’histoire de plusieurs personnages dont la survie dépendra de ses choix, de ses réflexes et de ses réussites lors d’actions contextuelles, telles que des Quick Time Events.

Puisqu’il s’agit d’une anthologie, chaque épisode se situe à une époque différente, dans un contexte bien distinct et avec de nouveaux personnages, donc aucun Dark Picture ne se suit. En l’occurrence, The Devil in Me nous invite à suivre les membres d’une équipe de tournage ayant fait un reportage sur le tristement célèbre premier tueur en série américain nommé H.H. Holmes. Pour vous la faire courte, ce meurtrier a imaginé et fait bâtir un Hôtel particulier à Chicago, comme une immense machine à tuer, qu’il ouvrit pour l’Exposition Universelle de 1893, dans lequel il assassinait des gens. Près de 200 meurtres lui ont été attribués, au sein des murs de son “Château infernal ».

Alors que l’équipe visionne la dernière scène qu’ils ont tournée pour leur reportage, le réalisateur reçoit un coup de fil d’un certain monsieur Du’Met invitant nos cinq protagonistes à venir visiter son manoir, qui serait une reproduction exacte de l’Hôtel de H.H.Holmes, pour parfaire leur tournage.
Et bien évidemment, comme vous pouvez vous en douter, ça va partir en sucette, car cette réplique de l’Hôtel des horreurs est tout aussi meurtrière que l’original.

Avant même la sortie de ce Devil in Me en novembre 2022, nous étions à la fois intrigués et inquiets à la Régwaktion. La formule de ces survival horror narratifs, à la manière de films interactifs, qui a autrefois sû nous surprendre avec l’innovant Until Dawn, semble s’essouffler au fil des ans. D’autant plus que Supermassive Games tient le cap en nous abreuvant d’un The Dark Pictures chaque année. Bien que nous soyons au rendez-vous à chaque nouvel opus, nous sommes en droit de nous demander si les développeurs ne vont pas arriver à court d’inspiration. Vont-ils essorer leur concept jusqu’à la dernière goutte ?

Nous sommes pourtant adeptes du genre, mais à force, nous craignons d’en être dégoûtés.
The Devil in Me est-il, lui aussi, un Dark Pictures médiocre ou tout juste passable, qui peine à rivaliser avec son aîné d’il y a sept ans ? Tant de questionnements auxquels nous espérons donner une réponse avec cet article.

Il y avait de l’idée, mais ça sonne creux.


Pour être tout à fait honnête, il n’y a pas grand chose qui va dans The Devil in Me et c’est bien triste car le jeu comporte de bonnes idées. Le contexte de base, inspiré par le tueur en série H.H. Holmes, ou plutôt Herman Webster Mudgett de son vrai nom, qui a réellement existé et ôté la vie à environ 200 personnes avec son hôtel particulier piégé, c’était inhabituel et intéressant. Cet hommage au tueur réalisé par un fanatique qui a poussé le vice jusqu’à reproduire son hôtel pour perpétuer son “oeuvre”, c’est du déjà-vu mais l’idée n’était pas mauvaise. L’ambiance pesante du jeu est suffisamment convaincante au début et les décors des lieux sont agréables à la rétine, sans être bluffants non plus. Il y a de beaux effets d’ombre et de lumière. Visuellement, The Devil in Me n’est pas vilain, loin de là. La direction artistique est tout à fait jolie, malgré des expressions faciales un peu à la traîne pour un jeu sorti en 2022. La mise en scène est, par moments, soignée, pour un rendu très cool.

Le plus attirant dans ce jeu, c’était ce petit côté Escape Game à la Saw, dans une sorte de manoir piégé de partout, avec le thème de l’anatomie rappelé dans quasiment chaque pièce pour faire référence à la fascination du faux Docteur Holmes pour la médecine et surtout le démembrement. Quel gâchis de constater que ces bonnes idées sont foirées ou mal exploitées dans le jeu. Les pièges s’avèrent finalement nuls et absolument pas variés : le gaz, le feu ou l’écrabouillement entre deux murs ; le choix est mince ! Le tueur, quant à lui, ne fait que reproduire les meurtres de son idôle, sans aucune personnalité ou ambition propres, alors qu’il témoigne d’une grande intelligence. Ses motivations ne sont ni expliquées, ni même sous-entendues. Le type est carrément cheaté, soit dit en passant. Il se téléporte, encaisse des coups et des chutes improbables et arrive toujours là où le joueur se trouve. A croire qu’il traque nos personnages en flairant l’odeur de leurs pets de peur.

L’idée des clones en animatroniques aussi, pour accentuer un sentiment d’angoisse ou même d’être observé, était vraiment bonne dans ce contexte. Hélas, ces pantins animés sont plus décoratifs qu’autre chose. Un seul moment glauque et réellement intéressant avec l’un d’entre eux intervient à la toute fin du jeu et implique une petite vieille… Forcément, les vieux c’est toujours mystérieux, haha ! Mais cette scène n’apporte rien, si ce n’est un petit bout de background sur l’enfance de notre copycat. Ca aurait mérité d’être plus poussé et approfondi pour donner plus de relief au récit et à l’antagoniste. Finalement, il n’y a aucune scène de torture dans ce jeu, ce qui n’a pas manqué de nous décevoir.

Cependant, quelques rares bonnes idées sont à souligner et à se remémorer. Il y a notamment des objets clés utilisables à la manière d’un Resident Evil ; une fonctionnalité absente des précédents volets de la série, mais franchement bienvenue dans celui-ci ! Lors d’un passage à notre arrivée dans le manoir de Du’Met, nous incarnons l’un des membres de l’équipe qui s’occupe des enregistrements sonores et se retrouve un peu perdu dans les couloirs. Nous devons alors nous orienter grâce au son que nous captons à l’aide d’un appareil et la scène est à la fois oppressante et cool grâce à cette mécanique. Il aurait réellement fallu que le jeu exploite davantage ce genre d’idées et de fonctionnalités, en plus d’une ambiance bien anxiogène, pour nous ravir. D’autant plus qu’avec une durée de vie aussi correcte, l’expérience aurait pu être cent fois plus marquante si, ne serait-ce que l’ambiance et le rythme étaient plus soutenus tout au long de l’aventure.

Il aurait fallu doser !

Le rythme de The Devil in Me est bancal. L’introduction est cool, puis passé la première heure (ou les deux premières heures), ça retombe et la suite se résume presque à vouloir torcher le jeu rapidement juste pour le finir, pas même pour savoir comment ça se termine. Il n’y a guère qu’à deux petites heures de la fin que le jeu redevient intéressant… pour finalement retomber encore et relâcher la pression. Le tout pour une fin ultra prévisible, avec un effet “pétard mouillé”, qui nous rappelle sans conteste Man of Medan.


Les protagonistes de cet opus de Dark Pictures sont dénués de charisme, totalement osef, auxquels on ne s’attache à aucun moment et dont on se moque bien de la survie ou du trépas… Du moment qu’on en garde au moins un en vie afin de finir l’histoire, c’est tout ce qui nous importe.

Ce qui nous plaît souvent dans les survival horror, ce sont des énigmes, plus ou moins retorses. Sachez qu’ici, les puzzles sont complètement bidons ! Franchement, n’y allons pas avec le dos de la cuillère : autant ne pas en mettre si c’est pour nous recycler quatre ou cinq fois le même “casse-tête” stupide et sans intérêt. De même que les QTE, très présents dans la saga Dark Pictures, sont là encore mauvais ; illogiques ou mal placés, on vous laisse en juger. Il y en a à gogo rien que pour courir, enjamber quelque chose pour ne pas trébucher, se baisser pour ne pas s’assommer, éviter un meuble sur notre trajectoire, monter/descendre des escaliers sans tomber, etc. Mais lorsque le meurtrier nous fonce droit dessus, il y a des moments où le jeu ne nous donne aucune chance de nous débattre ou de lui fausser compagnie ! On assiste à la scène, parfois même à notre mise à mort, dans l’impuissance et la gêne la plus totale. C’est justement dans ces moments-là qu’il faudrait nous laisser agir, choisir et faire des satanés QTE, merde !

Les prémonitions, présentes dans tous les jeux de Supermassive games, qui dévoilent mystérieusement un phénomène qui pourrait se produire afin de nous avertir d’un éventuel danger ou de la mort évitable d’un protagoniste, ne servent ici à rien de rien. Qu’on les trouve ou non, ça ne fait aucune différence. Nous en avons visionnées pas mal, mais aucune ne représentait quelconque séquence qui s’est produite durant notre partie. De même pour les oboles, que l’on collecte au cours de notre aventure, ne servent même pas à débloquer des scènes secrètes ou une fin alternative. Ce n’est ni plus ni moins qu’une monnaie d’échange pour obtenir des conseils auprès du Conservateur (le narrateur officiel de The Dark Pictures Anthology). Conseils dont on s’est royalement passé de toute la partie, d’ailleurs. Nous n’en voyons pas l’utilité au vu de la simplicité du titre, puisque tout n’est qu’une question de bon-sens et d’instinct. Même si, à des moments, malgré les choix proposés, nos personnages font preuve d’une stupidité effarante. Clin d’œil à la scène de la vitre piégée, ainsi qu’à celle avec le chien… Cette dernière a bien failli nous faire salement abandonner le jeu, tant c’était grotesque et révoltant…

Un jeu bâclé et incohérent !


Le scénario de The Devil in Me tient honnêtement sur quelques lignes et sa narration, tout comme son dénouement, manque cruellement d’imagination. Ça nous peine de le dire, mais il s’agit là d’une écriture feignante. Le jeu est truffé de raccourcis et de facilités scénaristiques qui font perdre toute cohérence au récit et toute vraisemblance aux personnages. Il y a des séquences qui nous ont fait halluciner, tant c’était ridicule ou trop gros pour que ça passe ! Il y a trop de twists prévisibles et faciles, des faux raccords évidents, des phénomènes trop improbables… Bref, c’est du grand n’importe quoi !

Si vous vous attendez à une fin qui vous explique qui est réellement le tueur et pourquoi il reproduit tous ces meurtres, ne cherchez pas… Vous n’en aurez pas. Même en fouillant bien, en lisant chaque document et en terminant le jeu, vous ne saurez, en fin de compte, rien de ce copycat : ni sa véritable identité, ni l’origine de ses troubles, ni ce qui le pousse à piéger des individus dans cette copie de l’hôtel de H.H.Holmes pour les tuer indirectement. Il imite seulement Holmes, parce qu’il est obsédé par son cas. Rien de plus. Supermassive games ne nous a même pas façonné un antagoniste charismatique et crédible, au lore profond. C’est si décevant. Outre le meurtrier, il y a plein d’autres éléments du jeu sur lesquels nous n’avons aucune explication, mais nous ne vous en divulguerons pas davantage.

Wallah, c’est trop !


Après un House of Ashes moyennement bon mais qui a su nous étonner, nous espérions un meilleur volet pour clôturer cette saison de l’anthologie The Dark Pictures, qui a connu des hauts et des bas, mais a surtout stagné au même niveau pas très glorieux. Hélas, nous nous retrouvons avec un Devil in Me presque aussi foireux que Man of Medan.

Là où le premier volet de la saga n’avait absolument rien pour lui, le petit dernier a au moins le mérite d’avoir une bonne introduction, une mise en scène travaillée qui fait son effet, quelques moments de grâce avec une tension bienvenue et de l’idée quant au thème du jeu ainsi que pour certaines mécaniques de gameplay empruntées à d’illustres Survival Horror. Inspiré d’une histoire vraie, le jeu est cependant mal pensé, mal écrit et réalisé à la hâte ; on sent bien que les développeurs ne se sont pas beaucoup foulés.

Vous l’aurez compris, The Devil in Me ne nous a ni séduits ni convaincus à la Régwaktion. A dire vrai, depuis Until Dawn, Supermassive games n’a pas réellement réussi à nous estomaquer. Il n’y a guère que The Quarry qui n’était pas trop mauvais. Mais depuis ses balbutiements, la série Dark Pictures nous laisse, soit déçus, soit mitigés, mais toujours à moitié satisfaits de l’expérience. Pourtant, chaque année nous répondons à l’appel, enthousiastes de découvrir un nouvel épisode horrifique. Nous espérons à chaque fois prendre une claque, mais il semblerait que la licence campe à un niveau peu reluisant. A la longue, ça en devient lassant car, même sans s’attendre à quoi que ce soit de grandiose, on finit toujours avec le sentiment d’avoir fait un jeu de plus, mais un jeu pas ouf du tout – carrément bof même – qu’on oubliera très vite.

C’est pourquoi nous ne testerons probablement pas le prochain jeu prévu pour fin 2023… D’autant plus que celui-ci semble être une sorte de resucée de Dead Space et de tous les jeux d’horreur dans l’espace qui s’en sont inspirés.

Obtention de la copie : Achetée par la rédactrice sur Playstation 5

Editeur/Développeur : Bandai Namco / Supermassive Games

Machines : PS5 / Xbox Series X|S / Steam / PS4 / Xbox one

Prix conseillé : Si vous pouvez le trouver en occasion ou en promo, à moins de 30€, ce serait l’idéal !

Metacritic : Metascore de 70/100 sur PS5

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Trish

Je suis Trish, L'impératrice des Rêveurs. J'aime manier les mots, l'arc et le fusil à pompe. Je taille mes critiques d'un revers de plume affûtée. D'un tempérament brut, je tire à balles réelles.

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