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Little Hope : À travers la folle nuit

Little Hope est le second volet de la série d’anthologie horrifique The Dark Pictures, réalisée par Supermassive Games, les auteurs de Until Dawn, Hidden Agenda et The Inpatient, pour ne citer qu’eux.

Il s’agit donc, là encore, d’un jeu d’horreur narratif avec une mécanique de jeu similaire à un film interactif, où chacun de nos choix aura un impact sur le déroulement des événements du récit.

Après l’excellent Until Dawn, quel fut notre désarroi face au désastre intitulé Man of Medan, le premier épisode de la série anthologique. C’est alors que ce vendredi 30 octobre 2020, précisément un an après la sortie du précédent épisode, voyait le jour le dernier rejeton du studio anglais : Little Hope. De ce fait, l’interrogation à laquelle nous allons essayer de répondre avec ce Test est la suivante : Little Hope relève-t-il la barre après le catastrophique Man of Medan ? Augure-t-il un avenir meilleur pour la série The Dark Pictures ?

“Bienvenue à Little Hope”

Le jeu débute sur une scène tenant place en 1972, dans la demeure des Clarke tandis que le couple parental se dispute à propos de l’usine où travaille le mari et des comportements apparemment de plus en plus préoccupants de leur plus jeune fille, Megan.

Une fois le tableau de la famille brièvement dressé, nous assistons à l’enchaînement de phénomènes étranges qui semblent tous être reliés aux agissements curieux de la fillette. Cette dernière finit par “accidentellement” laisser sa poupée de chiffon près de la gazinière allumée. Ceci engendrera l’incendie qui réduira bientôt toute la maison en cendres, et avec elle les membres de la famille Clarke, excepté Anthony l’unique personnage jouable de cette séquence.

Suite à cela, nous basculons subitement en 2020, tandis qu’un chauffeur de bus se fait accoster par le Shérif de la contrée. Celui-ci révèle au chauffeur qu’il va devoir faire un détour du côté de la petite ville de Little Hope, car la grande route est bloquée à cause d’un accident. À bord du bus se trouve un groupe de quatre étudiants, Andrew, Daniel, Taylor et Angela, qui se rend à un voyage scolaire avec John, leur professeur.

Ce n’est qu’un peu plus loin, alors qu’il faisait le crochet par Little Hope que le bus manqua de percuter une petite fille se tenant au beau milieu de la route, dans la brume. De justesse, le chauffeur évita de faucher l’enfant, mais le bus se renverse.

C’est ici que notre aventure commence réellement, incarnant à tour de rôle chacun des cinq protagonistes perdus dans Little Hope, sans réseau pour joindre les secours, à la recherche du chauffeur de bus disparu et d’aide pour remettre le véhicule en état de marche.

Un accueil qui ne laisse pas de marbre

Aussitôt plongés dans le jeu, nous découvrons chacun des membres du groupe que nous allons incarner. Ils possèdent tous des traits de caractère particuliers, que nous pourrons plus ou moins renforcer ou, au contraire, distordre, au cours de notre aventure. En effet, selon nos choix, les personnages pourront évoluer, en devenant moins individualistes, plus courageux, altruistes, etc. De même que les liens qu’ils avaient auparavant les uns avec les autres pourront s’entretenir ou s’altérer, à mesure que nous progresserons dans l’aventure. Ainsi, la confiance qu’ils s’accorderont dépendra des choix du joueur.

L’une des forces notables du jeu repose sur la personnalité propre à chacun des protagonistes qui, en plus d’avoir leurs opinions individuelles et aversions, possèdent leurs forces et faiblesses, et sont doués de raison. Enfin, nous n’avons pas affaire à des individus totalement stupides qui paniquent au moindre coup de vent, proposant des idées plus ridicules et insensées les unes que les autres et s’exposent bêtement au danger en s’isolant. Du moins, s’ils doivent se retrouver séparés en deux groupes à un moment ou à un autre, ce ne sera pas vraiment par choix. De ce fait, nos personnages font preuve de bon sens ; ce qui les rend tout à fait crédibles, en plus d’être identifiables.

L’ambiance devient rapidement oppressante, alors que notre groupe scolaire traverse la forêt en direction de la ville fantôme de Little Hope. Sans abuser de jumpscares mal exécutés, le jeu nous embarque dans une intrigue trépidante, où l’angoisse et la curiosité se confondent. À travers la folle nuit que nos contemporains vont endurer, le jeu nous transportera au coeur d’une chasse aux sorcières plus que troublante, se déroulant au XVIIe siècle. En effet, une fillette, qui partage les traits de la jeune Megan Clarke, dont la famille a trouvée la mort dans les flammes au début du jeu, nous gratifie de sa présence en nous emportant dans ce qui s’apparente à ses mémoires. Dans ces sortes de failles temporelles, le joueur peut interagir avec les événements passés ; ce qui semble agir sur les phénomènes présents. Qui plus est, Little Hope nous propose un concept assez intéressant impliquant un épais brouillard dans lequel il ne faut pas s’enfoncer, sans quoi nous perdons nos alliés et revenons en arrière. Ce qui n’est pas sans nous évoquer avec nostalgie la franchise culte de Silent Hill. Il est indéniable que le jeu nous laisse une certaine liberté d’action, avec un sentiment relatif de pouvoir et de contrôle. 

Manette en mains, le système de jeu est, comme à l’accoutumée dans ce genre, assez basique. Il s’agit de se déplacer, d’appuyer sur les bonnes touches en un bref laps de temps, d’orienter le joystick vers la suggestion de réponse ou d’action voulue, de ramasser ou d’observer les indices mis à notre disposition de manière plus ou moins évidente, et parfois de viser des points précis avant la fin de l’instant imparti. Ces mécaniques que nous connaissions déjà à la série anthologique se montrent efficaces. Et c’est un plaisir que de ne pas être bombardés de trop de “Quick Time Évents” inutiles, rien que pour gravir chacune des marches d’un escalier. Esthétiquement parlant, Little Hope est franchement réussi, sans en faire trop. Et l’ambiance sonore est un régal !

Décidément entre une intrigue prenante, une ambiance quasiment irréprochable, ainsi que des idées intéressantes, Little Hope démarre sur les chapeaux de roues ! Cependant, cette aventure horrifique n’est pas exempte de tout reproche.

Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir.

Si Little Hope est plein de qualités, il va de soi qu’il a tout de même quelques défauts que nous ne pouvons pas ignorer. Un détail qui nous a quelque peu chagrinés, ne concerne que certains passages du jeu où l’on nous donne l’illusion que nous avons le choix, alors que notre décision, quelle qu’elle soit, n’aura aucune sorte d’incidence sur la suite des événements. Nous devons bien dire que c’est terriblement frustrant d’assister à une séquence plutôt cruciale, dans l’impuissance la plus totale, alors que nous avions justement choisi d’agir pour empêcher le pire de se produire. A ce moment-là, nous nous attendons à une scène d’action durant laquelle nous aurions une suite de touches sur lesquelles appuyer dans un temps restreint, afin de réussir ou non notre entreprise. Ce fut plutôt décevant de se retrouver passivement devant une cinématique alors que l’instant auparavant, le jeu nous proposait d’intervenir. L’on se sent ainsi légèrement injustement privé de notre pouvoir décisionnel.

De même que, lors de certaines séquences, malgré toute la bonne volonté du joueur à tirer ses personnages d’affaire, certains choix s’avèrent totalement traîtres. En effet, quelques options d’actions ne correspondent pas exactement, dans les faits, à ce qui était écrit. Par exemple, à un stade avancé de l’histoire, alors qu’il est possible de hisser un allié en détresse hors du trou dans lequel il se trouve, celui-ci a la possibilité, soit de paniquer en criant à ses amis de se dépêcher de le remonter, soit de tâcher de garder son calme tout en pressant un peu ses acolytes. Si toutefois vous choisissez de la jouer calme, hé bien… Le personnage lâchera prise et se fera très certainement tuer. Nous ne nous expliquons hélas toujours pas en quoi cette réaction est cohérente avec la proposition suggérée par le jeu.

Comme quoi, parfois, même en réussissant chaque action contextuelle, il ne suffit pas de grand-chose pour perdre un personnage. Mais, dirons-nous, cela ajoute une certaine sévérité à Little Hope, et donc un certain charme qui plaira à ceux et celles qui aiment les défis. En ce sens, cela peut également pousser les joueurs les plus entêtés à se pencher vers la rejouabilité du jeu, afin d’essayer de sauver un personnage mort accidentellement, voire de les épargner tous.

Une lueur d’espoir !

Très honnêtement, le dénouement de Little Hope, bien que très surprenant et inattendu, n’est pas tout à fait ce à quoi nous nous attendions et n’a pas exactement répondu à certaines de nos questions. Ainsi, certains pourront être déçus de cette conclusion, la jugeant bâclée ou trop facile. Cependant, chez Gwak, nous apprécions la prise de risque de Supermassive Games sur ce coup-là ! Ils ont su nous surprendre avec ce que l’on appellerait un classique, de manière parfaitement imprévisible et étonnante.

Qui plus est, tout le long du jeu, l’intrigue fut bonne et accrocheuse. Le rythme était soutenu et bien dosé. Les jumpscares étaient assez efficaces, avec une mise en scène maîtrisée et non superflue. L’ambiance elle-même, visuelle comme sonore, était léchée. Les personnages étaient crédibles et charismatiques, voire attachants ou méprisables, selon chacun. En bref, ce fut un plaisir haletant que de jouer à ce jeu, franchement maîtrisé. Si Little Hope n’égale pas l’excellence de Until Dawn, il éclipse au moins son prédécesseur, Man of Medan ; ce qui est plutôt de bon augure pour la continuité de la série d’anthologie The Dark Pictures qui devrait au total compter sept volets.

Nous espérons que le prochain épisode, qui sera titré “House of Ashes”, sera au moins d’aussi bonne qualité.

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Trish

Je suis Trish, L'impératrice des Rêveurs. J'aime manier les mots, l'arc et le fusil à pompe. Je taille mes critiques d'un revers de plume affûtée. D'un tempérament brut, je tire à balles réelles.

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