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Life is Strange : True Colors – Une aventure humaine pleine d’empathie !

Loin du format épisodique des premiers Life is Strange, le nouveau volet, non pas numéroté cette fois, mais sous-titré “True Colors” est sorti complet le 10 septembre dernier. Toujours publié par Square Enix, le titre est actuellement disponible sur PC, Xbox One, Xbox Series X|S ainsi que sur PlayStation 4 et PlayStation 5, mais une version Switch est prévue en 2022. Si par le passé la licence appartenait à Dontnod Entertainment, le studio indépendant français a confié le développement de True Colors aux Américains de Deck Nine, à qui il avait déjà laissé le soin de développer Before the Storm, le prequel du premier Life is Strange.

Comme à l’accoutumée, nous avons affaire à un jeu d’aventure narratif à choix multiples, axé sur les dialogues et de longues cinématiques contemplatives.

L’histoire prend place à Haven Spring, une petite bourgade minière paisible aux pieds des rocheuses du Colorado, où notre héroïne se rend pour commencer une nouvelle vie. Alex Chen a été séparée de son frère aîné, Gabe, pendant près de huit ans, après la mort de leur mère et la disparition de leur père. De foyer en foyer, c’est devenu une jeune femme de vingt-et-un ans et le grand jour est venu de retrouver sa seule vraie famille dans ce cadre pittoresque et paradisiaque.

L’accueil y est charmant et chaleureux, les habitants sont tous très avenants et les retrouvailles avec Gabe se déroulent à merveille. D’emblée, elle fait la rencontre d’individus animés de la même passion qu’elle pour la musique et est embauchée au bar du coin. Décidément, Alex est aux anges et la promesse d’un avenir radieux se profile à l’horizon. Du moins, c’est ce que le jeu veut nous faire croire, car les choses vont très rapidement déraper.

A la suite de deux très bons épisodes canons, ainsi qu’un spin-off relativement réussi, Life is Strange : True Colors était attendu de pied ferme depuis son annonce en mars 2021.

Jusqu’à présent, nous avons pris l’habitude d’incarner ou de suivre des personnages charismatiques, au tempérament plutôt calme et timide, qui se retrouvent dotés d’un pouvoir qui les dépassent. Après le pouvoir de contrôler le temps de Max Caulfield et celui de télékinésie de Daniel Diaz, nous avons cette fois-ci droit à un pouvoir assez original : d’ultra-empathie ou d’hypersensibilité, nous permettant de ressentir les émotions des autres qui nous entourent.

A la Régwaktion, nous étions impatients de nous glisser dans la peau d’Alex Chen, afin de découvrir cette nouvelle aventure narrative, qui nous promettait une intrigue riche en surprises !

Mais ce troisième Life is Strange est-il aussi exceptionnel qu’on le présageait ?

When you’re out of the blue, into the black ~

Commençons avec les défauts du jeu, qui ne sont certes pas rédhibitoires, mais qui se font tout de même ressentir.

Bien qu’Haven Springs soit un village tout à fait charmant, on en a très rapidement fait le tour. En effet, là où dans les précédents Life is Strange, nous étions libres de nous balader dans différents lieux et bâtiments d’une même ville, voire même dans plusieurs régions, ce n’est pas le cas dans True Colors. Si ce n’est un petit passage qui prend place près des mines, nous arpenterons toujours la même courte rue du centre de Haven, allant du pont par lequel nous sommes arrivés dans la bourgade jusqu’au magasin de musique de Steph. Quand nous ne sommes pas cantonnés à rester dans l’appartement que Gabe a laissé à Alex, ou au bar où nous travaillons et fomentons nos plans d’investigation avec nos comparses Ryan et Steph, nous ne pouvons finalement visiter que trois boutiques : le magasin de fleurs, le magasin de disque et le dispensaire. C’est tout ! De ce fait, notre exploration est très limitée, ce qui peut s’avérer frustrant pour beaucoup de joueurs.

Toujours dans une certaine restriction du plaisir, il faut savoir que le jeu s’avère bien plus court que prévu. Non pas que sa durée de vie ne soit pas correcte, mais disons qu’elle est un peu légère. À moins que ce ne soit tout simplement l’histoire qui n’ait finalement pas grand-chose à nous raconter. Arrivés au générique de fin, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on est un peu déçu de ne pas avoir quelques heures de jeu supplémentaires à nous mettre sous la dent.

S’il y a bien quelque chose qui avait retenu notre attention dans le trailer de Life is Strange : True Colors, c’était la capacité permettant à Alex de voir la couleur des sentiments des autres et de les ressentir. Non pas que le concept soit mal réalisé, mais concrètement, le panel d’émotions que nous sommes capables de voir et d’éprouver au cours de l’aventure s’avère plutôt restreinte : peur, colère et tristesse sont les seuls sentiments que nous rencontrerons vraiment, si ce n’est quelques rares lueurs rayonnantes qui seront synonymes d’une joie momentanée et souvent brève. Pour un jeu traitant des émotions, ça peut sembler un peu léger.

Tout au long de votre aventure, vous vous interrogerez sur le passé de votre héroïne, sur ce qu’elle a vécu durant son adolescence, sur l’origine de son don et sur la raison pour laquelle elle fut séparée de son frère durant huit longues années. Comme vous vous en doutez, plus vous approcherez de la fin du jeu et plus vous aurez des réponses à ces questions. Cependant, pour être tout à fait honnêtes, laissez-nous vous avertir que ces révélations sont hâtives, condensées et, en fin de compte, survolées. A la régwaktion, nous avons eu l’amère déception de constater que toutes ces réponses que nous attendions ont été en partie éludées.

De même que le scénario du jeu s’offre quelques facilités scénaristiques peut-être un tantinet trop gentilles et naïves.

The show must go on !

Là où excelle le jeu, en revanche, c’est avec sa direction artistique tout bonnement ravissante ainsi que sa jolie bande-sonore qui soutient parfaitement l’histoire et l’ambiance du titre.

Du côté de la narration, il y a également beaucoup de bonnes choses à souligner. Les personnages de Life is Strange : True Colors sont tous très bien écrits. Nous avons droit à une héroïne très charismatique et attachante, mais aussi à des personnages secondaires intéressants, en relief, touchant, voire même séduisant.

L’intrigue du jeu est prenante de bout en bout et le suspense y est haletant. Le twist final est assez imprévisible, il faut l’admettre ; bien qu’à la régwaktion nous l’attendions au tournant et nous nous doutions de l’identité du véritable coupable.

Les choix que propose Deck Nine dans ce Life is Strange sont véritablement de qualité. Si les fans de la franchise sont habitués aux décisions difficiles à prendre dans ces jeux narratifs, ils seront servis avec les dilemmes que pose True Colors ! Ces choix poussent vraiment le joueur à se questionner sur des thématiques dures, souvent lourdes émotionnellement, qui peuvent l’émouvoir.

La possibilité de créer une romance, hétérosexuelle ou homosexuelle, est un petit bonus. On se laisse facilement prendre au jeu de la séduction, pour parvenir à sortir avec l’un des deux personnages prévus à cet effet.

L’ambiance générale qui se dégage du titre est belle, profondément humaine, mais aussi un brin déprimante, qui impacte le joueur et ne peut pas le laisser de marbre. A moins d’avoir un cœur de pierre.

Enfin, le pouvoir d’empathie d’Alex est un excellent concept, très bien choisi et justement exploité dans le jeu. Il participe très certainement grandement à l’attachement du joueur pour son héroïne, qui est si humaine, si altruiste, avenante et soucieuse des autres.

You’re so fuckin’ special

S’il n’est pas parfait, Life is Strange : True Colors est pourtant une réussite. Encore une fois, il s’agit d’un Interactive Drama de bonne facture, avec une ambiance travaillée, des personnages très humains, des thématiques poignantes et une écriture léchée, malgré quelques facilités scénaristiques. Si le dénouement de l’intrigue peut parfois se montrer prévisible pour certains, il n’empêche que le suspense tiendra les joueurs en haleine jusqu’au bout.

Au cœur d’un décor aussi merveilleux que celui de Haven Springs, apprêtez-vous à vivre une aventure franchement touchante, où vous serez parfois tiraillés par vos émotions, dans la peau de l’adorable Alex Chen, une héroïne pour laquelle vous vous prendrez inexorablement d’affection.

En dépit des quelques petits défauts de ce jeu, il nous est impossible de lui en tenir sévèrement rigueur et de le déconseiller à quiconque. C’est un incontournable du genre à ne surtout pas manquer, ainsi qu’une belle histoire à laquelle prendre part ! Attendez-vous à en voir de toutes les couleurs et à en ressortir avec le sourire aux lèvres. ~

Note : 3 / 5

Obtention de la copie : Achetée en physique sur PlayStation 5

Editeur/développeur : Square Enix / Deck Nine Games

Machines : PS5, PS4, PC, Xbox Series X|S, Xbox One.

Prix conseillé : Entre 40 et 50€

Metacritic : Score de 81

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Trish

Je suis Trish, L'impératrice des Rêveurs. J'aime manier les mots, l'arc et le fusil à pompe. Je taille mes critiques d'un revers de plume affûtée. D'un tempérament brut, je tire à balles réelles.

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