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The Dark Pictures Anthology : House of Ashes – Le digne successeur de Little Hope ?

2003, fin de la guerre d’Irak.
Les Forces spéciales américaines se retrouvent en mission au Proche-Orient pour stopper un trafic d’armement. Sur place, les événements tournent mal et suite à une grosse explosion, irakiens comme Américains plongent dans les ténèbres tandis que le sol se dérobe sous leurs pieds.

Suite à “Man of Medan” et “Little Hope”, la série d’anthologies The Dark Pictures revient en cette fin d’année 2021, pour la période d’Halloween comme à l’accoutumée, avec un troisième volet intitulé House of Ashes. Développé par Supermassive Games et édité par Bandai Namco, ce nouvel épisode de la saga nous transporte dans l’armée américaine aux côtés d’une brigade basée en Irak. À la recherche d’armes de destruction massive, l’unité va faire une découverte déroutante et inattendue : un ancien temple sumérien enfoui sous terre, peuplée de mystérieuses créatures. Sous le commandement du lieutenant-colonel de l’U.S. Air Force Eric King, l’officier Rachel King, le sergent-marine Nick Kay, son ami Jason Kolchek, Clarice Stokes et deux autres loustics vont se serrer les coudes pour sortir sains et saufs de ce guêpier. En parallèle, nous incarnons Salim Othman, un soldat de haut rang de la patrouille du Dar, lui aussi piégé dans les souterrains.

Sorti le 22 octobre, le jeu est disponible aussi bien sur PC que sur les consoles de Sony et de Microsoft.
L’horreur étant la marque de fabrique du studio et le thème principal de cette anthologie, House of Ashes est une aventure narrative horrifique à embranchements, où les choix du joueur impactent le déroulement de l’histoire et son dénouement. La survie des personnages dépend, comme toujours, des décisions et de la réactivité du joueur. Parviendrez-vous à tous les sauver ou les précipiterez-vous vers une mort certaine ?

C’est à la découverte de l’excellent Until Dawn en 2015 que nous nous sommes mis à suivre de près les productions des talentueux Britanniques de Supermassive Games. Mais si le concept de l’anthologie The Dark Pictures nous a séduits et que nous n’en manquons aucun épisode, il nous faut bien reconnaître que le désastreux premier volet, Man of Medan, nous a profondément déçus. Toutefois, l’année dernière, Little Hope a su nous surprendre et nous ravir, à tel point que nous étions impatients de découvrir House of Ashes. Soyons honnêtes : après Little Hope, nous avions quelques exigences à l’égard de ce troisième opus, mais aussi quelques craintes. Nos attentes ont-elles été comblées ? Le titre est-il à la hauteur ? Nous allons étudier ça de ce pas !

De la poussière aux yeux

Avant toute chose, il faut savoir que tous les jeux The Dark Pictures ont en commun une situation initiale un peu classique du genre horrifique, des personnages un tantinet stéréotypés, et un petit côté série Z non dissimulé et tout à fait volontaire. Nous ne nous attarderons donc pas sur ces caractéristiques bien assumées du titre. En revanche, dans tout ceci il y a un petit quelque chose qui nous chiffonne : les dialogues carrément kitchs entre les différents personnages du jeu. C’est sans nul doute voulu, mais il nous faut prendre en compte que c’est un détail d’écriture qui pourrait en sortir quelques-uns du scénario. De même, au sein de cette atmosphère désespérée où nos protagonistes évoluent dans un lieu méconnu qui menace de s’effondrer à tout moment et sont traqués par des bêtes monstrueuses, on se retrouve pris dans une histoire de triangle amoureux un peu quelconque. Honnêtement, nous comprenons que cet arc narratif sert sûrement à étoffer la toile de fond derrière nos personnages, mais aussi à leur insuffler de l’humanité et de la crédibilité. Cependant, au cœur d’un jeu d’horreur dans lequel la situation de nos protagonistes est plus que périlleuse, ça n’a pas beaucoup d’intérêt de gérer leurs histoires de couple. Au contraire, ça a plutôt un effet désopilant qui fait redescendre la tension du joueur.
D’ailleurs, en toute franchise, nous n’avons pas été friands de l’ambiance militaire présente dans laquelle baigne House of Ashes, ce qui a amenuisé notre immersion et même notre identification aux membres de l’escouade.

Le problème majeur du jeu est son rythme inégal, qui tantôt traîne lorsqu’on aimerait que ça avance et qui s’accélère quand on voudrait s’imprégner davantage de l’ambiance. La mise en place de la situation initiale, par exemple, est assez lente, dans l’intention de bien nous situer le contexte et les rapports entre les personnages. Mais le jeu s’attarde peut-être un peu trop sur des détails futiles avant de nous éjecter dans le vif du sujet. Une fois dans le temple sumérien, à l’inverse, le jeu ne prend sans doute pas assez le temps d’instaurer l’angoisse chez le joueur. On voit d’ailleurs les créatures trop tôt dans le jeu, tandis que les développeurs auraient pu nous faire languir un petit peu, s’amusant à nous stresser d’abord, sans tout nous montrer d’emblée. Suite à quoi, on tue la première créature rapidement, faisant ainsi retomber l’éventuelle peur du joueur. La menace ne s’avère plus si impressionnante que ça, une fois que l’on sait comment en venir à bout. C’est plutôt dommage de ne pas avoir joué plus longuement avec les frayeurs des joueurs qui, rappelons-le, se situent à plusieurs mètres sous terre, dans d’étroits souterrains anciens, traqués telles des proies vulnérables.

À ce propos, la peur est pratiquement absente tout au long de House of Ashes. Certes, à des moments, vous craindrez de perdre un personnage, surtout s’il ne vous en reste plus beaucoup, mais l’effroi ne parvient pas réellement à nous atteindre. On entend même souvent les cris des bestioles au loin, tel un capharnaüm, mais pour autant, on ne se sent pas en danger puisqu’aucune ne daigne venir tenter de nous manger. D’ailleurs, le fait même qu’on les entende sans cesse fait qu’on s’habitue à leur présence et ne s’inquiète plus vraiment de leur arrivée. C’aurait été tellement plus efficace qu’elles ne s’annoncent pas en se tapissant dans l’ombre, sans un bruit…

Le dernier reproche que l’on fera à House of Ashes est son script qui s’enclenche souvent tout seul au bout de quelques instants sans que l’on ait bougé. À peine avons-nous le temps de lire les documents présents dans la pièce que nous sommes interrompus par des cinématiques ou dialogues. Ce n’est peut-être qu’un infime détail, mais pour les férus d’investigation, qui aiment lire toutes les notes pour comprendre le lore, c’est un léger supplice !

Une tournure inespérée

Bien que le studio Supermassive Games ait déjà fait ses preuves auparavant, il est de bon ton de souligner que visuellement, The Dark Pictures : House of Ashes est plus que correct, sans trop en faire. Les animations, les visages, les décors, tout est maîtrisé.
Puisque nous avons là affaire à un huis clos, les environnements ne sont évidemment que peu variés, mais tout de même efficaces. Le temple sumérien est vraiment crédible et bien foutu ; on s’y croirait réellement. Une certaine claustrophobie est générée par ses couloirs souterrains sombres et exigus où on ne distingue rien à plus d’un mètre. L’aspect mystique de ces vestiges d’un autre temps s’ajoute au charme du jeu. D’autant plus qu’au cours de notre progression, nous trouvons des traces (documents, notes, photographies, matériel, etc) d’une équipe de chercheurs qui a autrefois foulé le sol de ces ruines. Tout ceci épaissit le mystère autour de ce temple et des créatures qui s’y nichent, attisant la curiosité du joueur. Même s’il ne s’agit que d’une fiction, certains éléments de l’histoire s’inspirent de faits réels, par exemple du fait que les Sumériens furent conquis par l’Empire akkadien sous Sargon d’Akkad qui fut, par la suite le premier véritable empire de Mésopotamie avant de s’effondrer vers 2154 av. J.-C.. Supermassive Games emprunte donc de nouveau à l’Histoire et aux légendes urbaines, pour nous proposer cette intrigue. C’est à la fois très intéressant et énigmatique.

Si les personnages des jeux d’horreur sont souvent un peu clichés, c’est une règle à laquelle n’échappe pas House of Ashes. Toutefois, bien qu’ils ne soient pas tous très marquants, certains protagonistes du jeu sont plus attachants que les autres. On pense notamment à Rachel, Nick et surtout Salim. Les relations qu’ils entretiennent au gré des décisions du joueur sont aussi nettement mieux travaillées que dans les précédents épisodes de Dark Pictures. Cela donne indéniablement plus d’impact et rend les personnages plus crédibles. Qui plus est, nous avons droit à une VF très correcte et convaincante ; ce qui n’est pas pour nous déplaire puisque ça donne encore plus de corps à l’œuvre.

Grâce à son contexte militaire d’après-guerre, House of Ashes ose des scènes d’action plutôt cool, où ça mitraille dans tous les sens ; ce qui change de ce à quoi le studio nous avait habitués jusqu’à présent. Mais ce qui nous a le plus sidérés, c’est la tournure surprenante que prend le scénario. Malgré des événements très prévisibles au cours de l’aventure, les péripéties et bouleversements, à l’approche de son dénouement, ont réellement fait mouche. S’il nous a été difficile de vraiment rentrer dedans au cours des toutes premières heures de jeu, la seconde moitié d’House of Ashes nous a embarqués sans effort. La dernière partie du jeu, surtout, relève complètement le niveau, alors que notre avis général sur le titre ne partait pas très positif. C’était exactement ce que nous attendions : un rebondissement, une surprise, n’importe quoi qui nous mettrait sur le cul. Et bien qu’on l’ait un peu aperçu arriver, on l’a eu ! C’était vraiment très plaisant d’être finalement épaté !


Une bonne surprise !

Eh bien, quelle frayeur ! Non pas que le jeu nous ait horrifiés, mais nous avons eu très peur d’être déçus par ce nouveau volet de The Dark Pictures Anthology et d’être contraints de lui mettre une sale note. Finalement, il n’en est rien, car House of Ashes a réussi à nous jouer un joli tour. Malgré quelques petits soucis de rythme et un postulat de départ pas des plus enjôleurs, le titre nous propose une expérience intéressante et réussie. Si nous avons eu, dans un premier temps, du mal à nous plonger dans l’intrigue, la seconde partie du jeu nous y a entraînés sans mal, nous tenant en haleine, pour finalement nous stupéfier avec brio. Habile !

S’il nous fallait classer les épisodes de l’anthologie par ordre d’appréciation : nous glissons ce troisième volet juste en dessous du second, Little Hope, qui était bien plus effrayant, ne souffrait d’aucun souci de rythme et nous avait immédiatement embarqués dans son univers, avec une aisance fascinante. Toutefois, les deux derniers épisodes se situent à des années-lumière de Man of Medan qui, lui, est resté par terre à tutoyer les pâquerettes.
The Dark Pictures : House of Ashes s’avère très bon et à la hauteur de nos attentes. Il n’y a, à nos yeux, qu’un petit pas qui le sépare de la qualité d’un Little Hope ou même d’un Until Dawn encore inégalé.

Désormais, c’est avec impatience que nous attendons le prochain titre de la saga, prévue pour octobre 2022 certainement : The Devil in Me, dont le trailer nous fait déjà saliver.

Obtention de la copie : Clé offerte par Bandai Namco France (PS5)
Editeur/développeur : Bandai Namco Entertainment / Supermassive Games
Machines : PC, Xbox Series X|S, Ps4, Xbox One et Ps5.
Prix conseillé : Le prix de 29.99€ est tout à fait correct. Mais si vous le trouvez en réduction, allez-y !
Metacritic : Le jeu a obtenu le métascore de 73 sur Ps5.

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Trish

Je suis Trish, L'impératrice des Rêveurs. J'aime manier les mots, l'arc et le fusil à pompe. Je taille mes critiques d'un revers de plume affûtée. D'un tempérament brut, je tire à balles réelles.

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