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Xenoblade Chronicles 3 : La guerre des mondes

La sortie fin juillet de Xenoblade Chronicles 3, nous rappelle que cinq longues années nous séparent du précédent épisode. Avec l’annonce du jeu qui nous a été présenté en début février comme le futur des deux premiers, nous comprenons pourquoi, lors des années précédentes, la licence est restée présente dans nos mémoires avec tout d’abord le DLC Torna, puis le remake du premier titre et son DLC inédit. Monolith Software a bien préparé le terrain pour un scénario qui était déjà pensé lors de la conception de Xenoblade Chronicles 2. Autant vous dire qu’avec tous ces éléments en tête, l’attente fût longue pour les fans, quoi que pas tant que ça puisque le jeu a finalement été avancé de septembre à juillet. Nous avons pu donc mettre nos grosses papattes sur le titre et après avoir passé plus d’un mois complet à le travailler, immergés dans le monde d’Aionios, voici notre retour d’expérience très positif et un petit bémol.

Père Kabu, raconte-nous une histoire

On en prend plein les yeux et les oreilles lorsque jeu débute sur plusieurs cinématiques très bien réalisées ; nous sommes tout de suite dans l’ambiance. Le premier chapitre sert de prologue à l’aventure, il nous montre que les habitants d’Aionios, Nouveau Monde de ce Xenoblade, se battent dans chaque camp pour absorber l’énergie vitale de l’autre et ainsi survivre. Voilà donc le but d’une existence longue d’à peine dix ans, à condition de ne pas être fauché d’ici là, avançant vers un combat perpétuel et une mort certaine, sans vraiment se poser de questions.

De notre côté, nous pilotons six protagonistes, deux groupes de trois personnages, issus de chaque camp, forcé de collaborer ensemble face à une menace commune. Rapidement ils découvriront une gigantesque machination qu’ils tenteront de déjouer. La conséquence de cette alliance : les vies de nos jeunes gens et celles de tous les habitants de leur monde en seront bouleversées. Avec eux, nous voyageons dans tout Aionios à la rencontre de moult personnages hauts en couleur, tous plus attachants les uns que les autres, à travers un monde complexe où nous sommes amenés à réfléchir à bon nombre questions existentielles sur la vie, la mort, les choix, l’amour, la haine, avec le scénario le plus mature et le plus sombre des trois épisodes. Chaque fin de chapitre est un ascenseur émotionnel intense ; un instant la gorge se serre et les larmes sont au bord du gouffre alors que celui d’après nous frappons les boutons de la manette avec frénésie dans un mélange de joie et de rage, proche de la folie, galvanisés par une bande-son épique, pour mettre la fessée à un boss.

L’histoire personnelle des protagonistes est développée au travers de quêtes obligatoires ou non, tout comme les récits de ceux qu’on appelle les héros, PNJ majeur du jeu de qui nous héritons les classes de personnages. Toutes ces quêtes qui restent secondaires à celles de l’histoire principale, que nous considérons comme majeures pour leur grande contribution au contexte et au scénario, sont traitées dans une mise en scène et une écriture remarquable, sur un niveau supérieur à celui des autres.

Un Futur connecté

Alors que chaque titre de la trilogie peut se jouer indépendamment les uns des autres, Xenoblade Chronicles 3 hérite de beaucoup de choses de ses ainés que ce soit dans ses environnements ou dans son système de jeu. Pour commencer, deux régions issues de chaque épisode se côtoient dans le décor : L’épée brisée de Mékonis et le Titan Uraya. Ensuite, nous avons le peuple d’Agnus qui base ses techniques de combat et sa technologie sur l’Éther (XC2) tandis de Keves est plutôt axé sur la technologie mécanique et les combats physiques, comme si chaque peuple était le descendant de l’univers de chaque jeu. Même leurs Reines respectives, masquées en début de jeu, rappellent deux protagonistes bien connues de chaque aventure.

Du côté du gameplay et notamment des combats, la fusion des deux mondes est parfaite, les développeurs ont réussi à allier le meilleur des deux jeux pour mettre en place un système de combat qui gomme les reproches qui ont pu être faits auparavant. Suivant que nous pilotons un personnage de Keves ou d’Agnus, le combat automatique se jouera de la même façon que Xenoblade Chronicles premier ou deuxième du nom. Le système d’arts a donc été conservé et ils se rechargent soit avec le temps, soit au nombre de coups portés. Les fameux enchainements et combos qui permettent de scorer grassement ont également étés conservés. Bien évidemment, tout cela s’étoffe et devient plus clair au fur et à mesure que l’on avance dans le jeu et que nous découvrons son histoire. C’est avec régal que nous prenons plaisir à reconnaitre tel style architectural, telle statue, tel style de décoration, telle race de personnage, au cours de notre périple.

Alors, qu’est-ce qui change ?

Tout d’abord, une nouveauté de taille : par groupe de deux, avec un personnage de sexe et de faction opposés, il est possible d’effectuer une fusion, disponible sur trois niveaux de puissance et qui nous permet de nous transformer en un mecha ultra puissant. On appelle cela un Ouroboros (le serpent qui se mord la queue, symbole du temps ou de l’éternité). C’est d’ailleurs par cette fusion, que nos héros comprennent que leurs deux peuples devront avancer main dans la main pour combattre les vrais ennemis de l’humanité, les Moebius, ceux qui tirent les ficelles en coulisse et qui sont responsables de la trame de ce monde. Pour chaque Ouroboros, il y a des points d’âmes à collecter afin de faire évoluer son arbre de compétences.

Dans Xenoblade Chronicles 3 il n’est pas possible d’acheter des armes comme dans un JRPG classique. Votre type arme est automatiquement matérialisé en fonction de la classe de personnage que vous utilisez. Par exemple, Noah qui est épéiste en début de jeu possède donc une épée et il est dans un rôle de combattant. En revanche si nous lui attribuons la classe d’origine de Sena qui est Ogre, alors il se battra avec un énorme maillet. Au début, chacun de nos personnages possède sa propre classe et plus tard dans le jeu, il est possible qu’ils apprennent les uns des autres en les voyant pratiquer. En plus de cela, pour chaque quête de héros achevée, nous hériterons d’un don de classe de la part du PNJ concerné vers un protagoniste précis. Là encore l’apprentissage pour s’étendre aux autres pour leur permettre de la maitriser. Un système vraiment très intéressant, sur lequel nous avons pris un grand plaisir à repousser les limites puisqu’il y a des paliers de niveau de classes qui permettent de débloquer des arts et des compétences maîtres que nous pouvons ensuite mélanger lorsqu’un personnage en maitrise plusieurs. En fin d’aventure ce n’est pas moins de vingt-cinq classes (dont une complètement craquée) qui sont à disposition du joueur et qu’il est possible d’attribuer à nos six protagonistes.

Vivre pour jouer ou jouer pour vivre

Sur un plan purement technique, Xenoblade Chronicles 3 fait mieux que les titres précédents même si ce n’est pas encore vraiment ça. Suivant la situation comme, le nombre d’ennemis présents à l’écran, l’endroit que nous visitons ou dans lequel nous combattons, les chutes de frame rate sont flagrantes. Cela choquera certainement les puristes, mais pas que, puisque cela se traduit en images floues par moment que quiconque pourra remarquer. En revanche, le jeu passe beaucoup mieux en mode portable que sur les précédentes versions.

Mais peu importe finalement, à l’heure où le rétro revient en force et que les remakes en 3D infâme apparaissent par dizaines sur les consoles du moment, pour le plaisir de beaucoup. Ce qui compte ici c’est que l’aventure est tellement belle et puissante, les explorations si gigantesques, les écosystèmes et leurs populations de monstres si fascinants que ces défauts mineurs se font vite oublier au bénéfice d’un plaisir immense de jouer, se balader, contempler, participer à des combats épiques, bref, vivre le jeu !

La fin d’un arc ou pas…

C’est avec impatience que nous attendons les nouveaux éléments du pass d’extension qui comprendra ne nouveaux héros accompagnés de leur quête ainsi qu’un nouveau pan du scénario prévu en fin 2023. Nous aurions pu écrire encore une dizaine pages sur Xenoblade Chronicles 3 qui selon votre approche des JRPG vous prendra une cinquante d’heures en ligne droite et plus de deux cents pour le pousser à fond. Nous laissons à qui le voudra, découvrir les belles subtilités de ce titre qui permet à Nintendo, avec Monolith Software, de clôturer le premier arc d’une licence qui confirme sa place aux côtés de Final Fantasy et Dragon Quest, avec seulement trois opus. Même si la fin nous laisse sur quelques questions restées en suspens et sur une photo qui nous partage sur le sentiment d’un énorme troll des développeurs ou une porte ouverte sur une suite, tous les ingrédients sont là pour vivre une aventure épique, remplie d’émotions fortes, à l’univers complet avec une bande-son chef-d’œuvre.

Note 5/5

Obtention de la copie : Fournie Day one par Nintendo

Editeur/Développeur : Nintendo/Monolith Software

Machines : Nintendo Switch

Prix conseillé : 59,99€

Metacritic : Metascore de 89/100.


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LeKabuki76

Joueur depuis la Nintendo Entertainement System, je n'ai jamais laché les manettes de la Firme Japonaise depuis 35ans.

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