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Yakuza Like a Dragon : Sonatine pour un Yakuza

Plus d’un an après sa sortie japonaise, Kasuga et sa petite bande débarquent en Europe, en se payant le luxe d’être traduit en français. Nous avons décidé de vous réaliser une critique du jeu en utilisant deux points de vue. D’un côté, celui d’un fan de la licence et celui d’un habitué des RPG.

Bientôt Street Fighter le jeu de gestion !!

‘’Hé pourquoi les Sims en mode jeu de tir en vue subjective ! “ Il s’agit de la réaction de beaucoup de joueurs après le visionnage du teaser de Yakuza Like a Dragon, montré le premier avril 2019. L’extrait vidéo nous le montre sous la forme d’un jeu de rôle à la japonaise proche d’un Persona 5, alors que le studio qui développe le jeu nous avait habitués – et cela depuis le premier épisode – à des beat them up en monde ouvert. C’est un changement qui ne manque pas d’audace, passant d’un jeu d’action aux mécaniques nerveuses à un RPG plus tactique, est ce que la licence a réussi sa transition ?

Tout d’abord, il semble important de préciser que cette critique est faite après avoir terminé le jeu avec l’accomplissement de toutes les quêtes secondaires. Il ne s’agit pas ici de bâcler un jeu et de balancer une critique le plus rapidement possible. Pour Mara, il lui aura fallu plus de 150 h pour terminer le jeu, accomplir toutes les substories, remplir le sujidex et faire toutes les missions des jobs à mi-temps. Pour Snakii cela a été un peu plus compliqué, car des contretemps l’ont empêché de le finir. Cependant, il a pu voir toutes les possibilités du gameplay du jeu.

Au revoir Tokyo, bonjour Yokohama !

Un des éléments importants des jeux Yakuza est bien évidemment la reproduction réaliste des quartiers. Kamurocho est une représentation assez fidèle du quartier de Kabukicho dans la préfecture de Shinjuku à Tokyo, quartier connu pour être le district rouge de la ville. La reproduction est assez jusqu’au-boutiste : Les monuments, bâtiments, magasins tout en prenant compte les évolutions au travers les années.

Le Kabukisho du premier Yakuza est basé sur l’année 2005, année de sortie du titre. Yakuza 0, quant à lui, nous dépeint le Japon (Ndlr : Tokyo et Osaka) des années 80, avec toute l’énergie frénétique qui en émanait durant le miracle économique précédant l’éclatement de la bulle spéculative. Le jeu joue le rôle d’une capsule temporelle, nous offrant un aperçu sur le passé de la société japonaise.

Qu’en est-il de Yakuza Like a Dragon? Il se déroule principalement en 2017, dans les rues du quartier d’Isezakicho (renommé dans l’œuvre Isezaki Ijincho) situé dans la ville portuaire de Yokohama. Armée du moteur de jeu Dragon Engine, la ville du septième épisode est la plus grande de toute la série, offrant un niveau de détail impressionnant. Vous pourrez retrouver la Choyomon Gate marquant l’entrée du quartier de Chinatown, le Isezaki Mall (Ndlr: Isezaki Road dans le jeu) avec ses nombreuses boutiques, ou encore la Cosmo clock, grande roue de Yokohama certes inaccessible dans le jeu, mais qui impressionne par sa beauté.

Le jeu nous offre un environnement et une ambiance audiovisuelle des plus sympathiques, permettant de découvrir comme un véritable touriste le quartier de Isezakicho reproduit de la plus belle des manières contrairement à d’autres titres dont nous tairons les noms. Yakuza nous oblige à nous promener, à explorer cette ville qui a beaucoup à offrir.

L’inutile n’existe pas dans cette carte, chaque endroit à une importance : des boutiques improbables seront vos armureries, les divers points de verdure seront l’occasion de jardiner ou de partir à la chasse aux insectes, les restaurants et les bars serviront de lieux de convivialité conférant moult bonus. En bref, tout comme les anciens jeux de la licence, les rues de la ville proposent un bon nombre de mini-jeux et autres activités, rendant l’expérience gourmande.

On peut tout de même reprocher un certain recyclage des anciens contenus et des mini-jeux. Surtout au niveau de la salle d’arcade qui réutilise des jeux déjà connus des anciens joueurs de Yakuza (Ndlr : Yakuza 6, Yakuza Kiwami 2 et Yakuza 0). Cela reste dérisoire à côté de ce que nous offre Yakuza Like a Dragon : un grand terrain de jeu, détaillé, où chaque endroit a son intérêt propre.

L’histoire de Kasuga à la hauteur de l’histoire de Kiryu ?

Comment passer après le charisme de Kiryu et de sa bande? Un grand nombre de fans de la série se sont déjà posé la question. La réponse que nous donnent les scénaristes du jeu est des plus ingénieuses.  Au lieu de nous donner la possibilité d’incarner un personnage déjà connu de la série, comme Majima, Saejima, Akiyama ou pourquoi pas Ryuji Goda, le protagoniste qu’on incarne est un personnage inédit en occident et second rôle d’un spin off.

L’histoire commence à Tokyo, plus précisément à Kabukicho en 2001, Ichiban Kasuga est un jeune membre de la famille Arakawa appartenant au clan Tojo. Étant redevable envers le chef de la famille Masumi Arakawa, il accepte d’endosser la responsabilité d’un crime qu’il n’a pas commis pour protéger un membre plus influent de sa famille. En prison durant 18 ans, Ichiban attend avec impatience sa sortie, pensant que son sacrifice ne serait pas vain et qu’une récompense l’attend à sa libération.

En 2019, ayant purgé sa peine, rien ne se passe comme prévu, le clan Tojo a disparu et la famille Arakawa est désormais en concurrence avec le clan Omi. De plus, Masumi Arakawa, chef de la famille et figure paternelle d’Ichiban, refuse de parler à Kasuga, n’hésitant pas à lui tirer dessus lorsque celui-ci se trouve face à lui.

Laissé pour mort, Kasuga se retrouve dans la ville de Yokohama, dans un camp de sans-abris, avec un billet étrange dans sa poche. Bien décidé à comprendre comment tout cela a pu arriver, Kasuga va enquêter sur cette conspiration.

L’histoire est à la hauteur d’un Yakuza, avec des personnages hauts en couleur, des intrigues jonglant entre l’absurde et le sérieux. Le jeu arrive à raconter une histoire dramatique avec une bonne mise en scène, mais il souffre d’un problème de dialogue que l’on retrouve dans beaucoup de jeux japonais. Le jeu est bavard, sacrément bavard et cela peut être ennuyeux pour certaines personnes. Un autre bémol est à mettre en avant, malgré un traitement des personnages plutôt bien équilibré, il est dommage de constater qu’une des deux protagonistes n’existe que par le biais de quelques histoires secondaires et de son mini-jeu.

Concernant le personnage principal, Ichiban vit dans un monde rempli de rêves et d’espoirs qui sont amplifiés par son imagination débordante et cela est une manière assez ingénieuse d’expliquer le changement de gameplay et le changement de style. Effectivement, le jeu est un rpg en tour par tour, car Ichiban imagine ses adversaires et le déroulement de bagarre comme des combats de Dragon Quest.

L’évolution de Kasuga et de ses amis rend au fur et à mesure l’histoire plus dynamique, voire même plus rythmée, car on reste avec un personnage principal attachant et son groupe composé de personnages intéressants. On ne passe plus d’un personnage à un autre, d’un environnement à un autre. Les personnages féminins sont forts, ce qui n’était souvent pas le cas dans le passé de la série. L’histoire est parfaitement dans la trempe d’un Yakuza rempli de retournements de situation, de situations dramatiques et de surprises !

Comme un Dragon qui à une quête ! Kasuga et ses amis !

Contrairement aux autres Yakuza qui offrent une aventure en solitaire, Yakuza like a Dragon propose une expérience plus proche d’un Dragon Quest avec des notions de gestion de groupe. Kasuga n’est pas seul, Il est accompagné de plusieurs protagonistes, qui ont tous un caractère et une histoire particulière.

Si les combats se déroulent à la façon d’un RPG au tour par tour pourvu d’un système de résistance et de faiblesse assez classique au genre, Ryu Ga Gotoku a voulu intégrer des éléments propres à la licence Yakuza. Le mobilier disponible à proximité peut servir d’arme par exemple. Si l’équipe et les ennemis ne sont pas libres de leurs mouvements, cela ne veut pas dire pour autant qu’ils sont immobiles. Leurs déplacements en temps réel sur la zone d’affrontement amènent à réfléchir à la façon dont l’espace est occupé ; l‘étroitesse d’une rue peut jouer en votre faveur afin de frapper avec une attaque de zone le plus de voyous possibles, la chute d’un ennemi peut déstabiliser un autre et engendrer des dégâts, attaquer une cible éloignée peut engendrer une interception de votre attaque par ses comparses. Ces quelques éléments parmi tant d’autres participent à créer des combats pouvant être tantôt dynamiques et opportunistes, tantôt lents et stratégiques.

Les personnages offrent une grande flexibilité, vous aurez le choix entre plusieurs jobs déblocables de diverses manières, ceux-ci vous permettant de spécialiser les membres de votre équipe dans un rôle que vous estimez profitable. Monter une classe avant de changer pour une autre n’est pas une perte de temps, car vous pourrez conserver certaines statistiques et aptitudes du job. Il devient donc facile de créer une équipe assez efficace. D’autant plus que le farm est relativement simple lorsqu’on avance dans l’histoire. Cela ne veut pas pour autant dire que le jeu est d’une facilité déconcertante. Quelques pics de difficulté sauront rappeler qu’acquérir du matériel et des statistiques n’est pas l’essentiel. Savoir utiliser correctement les mécaniques de RPG est parfois nécessaire.

Pratiquer en y mettant de l’âme

Au moment de l’annonce énormément de personnes ont réellement cru que ce qui était présenté durant le teaser serait une blague, que la série resterait un beat them all. Après tout, la série Yakuza est depuis longtemps une série connue pour être un temple de la castagne et de l’action à toute berzingue. Ryu Ga Gotoku Studios ont décidé de mettre en place un système de jeu de rôle en tour par tour, le changement est risqué et ils n’avaient pas le droit de se tromper.

Au final, le jeu se révèle être une grande réussite, un véritable RPG de grande qualité avec une histoire à la hauteur de la série et Kasuga Ichiban est des plus attachants. Nous vous encourageons à le tester, surtout qu’il est disponible dans la langue de Molière et cela n’était pas arrivé pour un Yakuza depuis 2006 !

Critique réalisée par : Snakii et Mara Qadiri

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